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Date

11 janvier 2023

Catégorie

Enjeux RH

Vers la fin des entretiens d'embauche en physique ?

Vers la fin des entretiens d'embauche en physique ?

On ne parle plus que de lui, le COVID-19 a chamboulé nos vies personnelles et professionnelles. De là à remettre en question nos manières de travailler, et de recruter… L'entretien d’embauche, dit “classique” : l'entretien physique, a laissé place à l'entretien 2.0, nous avons nommé : l'entretien à distance, en visioconférence.

En 2022, force est de constater que la plupart des nouveaux recrutés se sont retrouvés confrontés à leur potentiel nouvel employeur, derrière un écran. Alors, comme pour tout dans la vie, il en faut pour tous les goûts. Les timides aux mains moites qui préfèrent garder leur sueur pour eux, et les déterminés qui, armés de leur plus beau sourire espèrent séduire IRL.

Entretiens de recrutement en physique : la parole aux recruteurs

Les recruteurs et les candidats offusqués par la digitalisation des processus de recrutement, on les a entendus. Il y a ceux qui privilégient un grain de peau, une démarche plutôt que des pixels, derrière un écran et ceux qui croient au mythe de la poignée de main qui permettrait, suivant qu’elle soit ferme, moite, lâche ou raide, de juger votre interlocuteur. 

Un entretien d’embauche va en-deçà et au-delà du moment de “confrontation”, chacun sur sa chaise, une table au milieu. Après s’être trompée sur un recrutement, Audrey Mauxion, chargée de communication senior dans un grand groupe média, ne jure désormais que par les entretiens d'embauche en physique. Une personne, ça se ressent. Quand on rencontre un candidat, on le juge d’abord sur son attitude, sa confiance, son amabilité, son écoute et son intérêt.”

Si certains détestent les “small talk”, l’entretien physique les favorise. “Quand tu reçois quelqu’un, c’est depuis l’accueil, dans les couloirs. Il y a tout un pré et post entretien, tout le cadre autour qui permet de se faire un premier avis.” Un besoin de sourires, de hochements de tête qui rassurent candidat comme recruteur. 

Pour Ange Sanucci, data analyst, le non verbal est primordial ; “On sent beaucoup plus une personne qu’on rencontre physiquement. Ce qu’on appelle le feeling, l’énergie, ce n’est pas perceptible derrière un écran. Il ajoute: "Un entretien d'embauche en physique c’est un exercice compliqué, c’est plus simple de sentir si la personne est à l’aise et préparée. Le non verbal est plus difficile à décrypter via les entretiens en visio.”

Lilian Faure, chargé de recrutement RH déplore les candidats qui négligent l’importance de la représentation sur des entretiens d’embauche en distanciel. “Une fois, j’ai reçu un candidat, qui était allongé dans son lit. Celui d’après n’avait pas allumé sa caméra, et le suivant était totalement à contre jour. Même si les trois profils étaient bons, je n’en ai retenu aucun.” En revanche, Lilian note l’effort de ceux qui soignent les moindres détails. “Il y a quelques mois , j’ai reçu un candidat, dont le CV n’était pas favori, mais quand il a allumé sa caméra, sa bibliothèque était positionnée en fond derrière lui, avec des livres ostensiblement placés là, ça a emmené à un sujet de conversation et aujourd’hui, il vient de valider sa période d’essai.” 

“Je ne veux ni perdre, ni faire perdre du temps”

La plupart des recruteurs admettent toutefois le côté pratique des entretiens virtuels. Audrey Mauxion préfère ne pas perdre son temps ; L'intérêt des entretiens à distance, c’est de faire un premier tri, de vérifier si la personne est vraiment motivée, sans rentrer dans les détails de l’entretien réel.”

Pour les candidats, dans le cas d'un entretien en physique, la question du déplacement dans les locaux de l'entreprise est toujours source de stress. Si certains ont la chance d’avoir leur logement à quelques minutes du lieu de recrutement, d’autres appréhendent parfois de longs trajets en train (pas toujours à l’heure). Pour des candidats qui postulent à un stage en entreprise d’une courte durée, la contrainte est d’autant plus pointée du doigt. “Quand tu vois 10 personnes et que tu sais qu’à la fin, il n’y en aura qu’une retenue, tu te mets et tu mets les candidats dans une situation inconfortable. Je ne veux ni perdre, ni faire perdre du temps.’ confesse Ange Sanucci.

Par ailleurs, certains recruteurs posent la question du timing “réglementaire” qui doit être accordé à chaque candidat. Si certains prennent le parti de laisser sa chance à chaque personne, d’autres n’hésitent pas à verbaliser lorsque ça ne fonctionne pas, recruteur comme postulant. Ange poursuit son idée ; “Sur l’entretien physique, il y a un peu le biais de “Il est venu (peut-être de loin), alors il faut nécessairement que je lui accorde le temps prévu”. Il apparaît clair que sur les entretiens en visio, à distance, ce remord n’existe pas. “Sur des entretiens où tu n’as pas choisi les CV, si le candidat n’est pas préparé, tu peux prétendre au “merci mais non merci” “.

Des entretiens d'embauche à distance laborieux

Côté candidats, les plus jeunes d’entre eux n’ont parfois connu que des entretiens en visio. Un recruteur derrière un écran. Si certains y notent quelques points positifs, la plupart regrettent ce mode de fonctionnement. Esma Padot, journaliste pigiste, s’est retrouvée face au plein emploi pendant le COVID ; “Le journalisme était une des seules professions qui était en plein BOOM”. Pour avoir passé nombre d’entretiens, elle confie ; “Pendant la pandémie, j’ai effectué beaucoup d’entretiens à distance, et, étant anxieuse par les temps qui couraient, me savoir chez moi, dans un environnement confortable, assise sur ma chaise, dans mon salon, ça me permettait de davantage me concentrer, d’être moins soumise au stress.”

Esma avoue timidement que si elle a eu de la chance d’être recrutée, ce n’est pas le cas de tout le monde. “Mon conjoint faisait passer des entretiens lors du déconfinement et il m’a confié que malgré un excellent CV reçu et une bonne première impression, la caméra d’un candidat s’est figée, son micro saturait et il n’a pas été choisi sous ce motif.” 

“Je ne me posais pas la question de comment m’habiller”

Des éléments indépendants de la bonne volonté du candidat qui peuvent perturber voire réduire à néant toutes les chances d’être sélectionné. Julie Cadieux, chef de projet e-retail s’est d’abord vue ravie des entretiens en visio qui s’accordaient bien avec sa timidité maladive ; “Pour mes premiers stages, je n’ai pas eu la chance (heureusement) rires de réaliser des entretiens en présentiel. C’était un soulagement au début. Je ne me posais pas la question de comment m’habiller, si mes chaussures allaient me faire mal aux pieds, comment me tenir, quoi dire avant et après l’entretien. J’avais surtout peur qu’on me juge sur ma personne plutôt que sur mes compétences professionnelles.” 

Mais Julie s’est rapidement sentie déstabilisée ; “Voir son reflet sur un écran, c’est très déstabilisant, on ne sait pas qui regarder. La caméra ? Le recruteur ? Son propre retour pour vérifier si la luminosité est bonne ?” On note que, globalement, même si la maison s’apparente comme être un endroit confortable, beaucoup d'éléments perturbateurs peuvent faire échouer l’entretien. Julie a donc changé d’avis, malgré sa timidité ; “Après avoir expérimenté plusieurs déconvenues, je préfère les entretiens physiques. On est totalement disposé à écouter le recruteur et celui-ci est disposé à nous rencontrer, physiquement, plutôt que par écrans interposés."

Même si la période pandémique a développé de nouveaux modes de recrutement comme les entretiens à distance qui ont apporté une réelle réponse au contexte en offrant aux recruteurs comme aux candidats, une démarche flexible et rapide et un processus moins contraignant, on note dans les deux camps un mécanisme chronophage et limité. Rien ne sert d'être nostalgique des entretiens physiques, vous trouverez sans hésiter l’entreprise qui vous offrira la meilleure pratique.

 

Date

11 janvier 2023

Catégorie

Enjeux RH

Rédigé par
Emilia Cassagne
Emilia Cassagne
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