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Date

10 février 2023

Catégorie

Enjeux RH

Le syndrome d’hubris : décryptage

Le syndrome d’hubris : décryptage

Depuis toujours on peut observer que le pouvoir engendre bien souvent des comportements toxiques avec des conséquences qui peuvent être dramatiques. Les managers ne sont pas épargnés s’ils n’y prennent pas garde. Ce syndrome a un nom, il s’agit d’hubris. Pour les Grecs anciens, l’hubris représentait l’orgueil démesuré, le comportement le plus inacceptable d’un humain. Le syndrome d’hubris a été révélé pendant l’Antiquité traduisant un syndrome de toute-puissance, et remis sous la lumière ces dernières années au vu du comportement de certaines personnalités médiatiques notamment l’homme politique Vladimir Poutine. Un syndrome qui peut faire souffrir celui qui en est atteint ainsi que son entourage. Zoom sur ce phénomène d’ivresse de pouvoir. 

Définition

Hubris est le terme repris par le médecin et homme politique anglais David Owen dans son ouvrage “In Sickkness and in Power” paru en 2008 pour désigner un syndrome qu’il a pu observer chez de nombreux hommes politiques à des degrés différents, et dont il dépeint le portrait. Selon lui, tous les dirigeants auraient une propension à voir le pouvoir transformer leur personnalité. Les personnes qui en sont atteintes perdent alors contact avec la réalité, développant des sentiments d'invulnérabilité, d’égotisme, associés à un profond mépris pour toutes les critiques et les conseils reçus. On est proche, dans sa version pathologique, de la personnalité narcissique. La différence tient qu’en quittant le pouvoir, le syndrome d’hubris disparaît tandis que le narcissisme représente, lui, un trait de caractère. Cependant, les deux semblent profondément liés. David Owen identifie dans un article coécrit avec Jonathan Davidson, dans la revue Brain, 14 critères pour définir précisément le syndrome d’hubris. Pour lui, il faut en associer 3 pour être atteint de ce syndrome. Les connaître, permet d’exercer une vigilance ou un auto-diagnostic qui peuvent aider à comprendre des situations bien réelles ; 

  • Voir le monde comme un lieu pour exercer son pouvoir et rechercher constamment la gloire
  • Chercher systématiquement à embellir son image et ses actions
  • Développer un attrait démesuré pour l’image et l’apparence
  • Évoquer les sujets banals de façons exaltées
  • S’identifier parfaitement à l’organisation que l’on dirige et penser que ses propres points de vues et intérêts sont identiques
  • Parler de soi à la troisième personne
  • Avoir une confiance totale en son propre jugement et mépriser les avis extérieurs
  • Se sentir omnipotent 
  • Etre persuadé de n’avoir des comptes à rendre qu’à la postérité
  • Croire que l’histoire jugera positivement son oeuvre telle une figure historique
  • Perdre contact avec la réalité
  • Avoir tendance à l’impulsivité
  • N’accorder d’importance qu’à l’objectif, la vision, sans s'embarrasser ni des coûts ni des conséquences
  • Court-circuiter les rouages décisionnels

Le syndrome d'hubris peut être particulièrement dangereux lorsqu'il est présent chez les personnes qui occupent des positions de pouvoir ou de responsabilité, comme les dirigeants d'entreprise ou les responsables politiques. Dans ces cas, leur confiance en eux-mêmes peut les amener à prendre des décisions irréfléchies qui peuvent avoir des conséquences graves pour leurs employés, leurs investisseurs ou plus largement, leur pays.

Le syndrome d'hubris peut également constituer un problème dans la vie personnelle, où il peut conduire une personne à se montrer arrogante et à manquer de compassion envers les autres. Plusieurs facteurs peuvent contribuer au développement du syndrome d'hubris ; par le résultat de réussites professionnelles ou personnelles significatives, qui peuvent donner à une personne une confiance exagérée en ses propres capacités ou par le résultat de l'éducation ou de l'environnement familial, qui peuvent inculquer une mentalité de supériorité ou d'"exceptionnalisme"

Le syndrome d’hubris au travail 

Dans une équipe de travail, une personne atteinte du syndrome d’hubris, notamment s’il s’agit d’un manager, peut détruire la cohésion, la productivité et surtout déteindre sur l’ambiance du groupe. Parmi les différents comportements à risque qu’une personne souffrant d’hubris peut avoir, on retrouve : 

Son désintérêt pour le collaborateur

Son manque d’empathie et sa tendance à ne voir que par le prisme du travail

Son désir absolu de pouvoir et de contrôle

Ces différentes situations créent une atmosphère toxique et peuvent engendrer de graves conséquences sur la santé mentale de chaque membre de l’équipe, pouvant aller jusqu’à un trouble dépressif. 

Le syndrome d'hubris peut être difficile à reconnaître chez soi-même, car il implique souvent une croyance en soi qui est exagérée et qui s’avère difficile à remettre en question. Cependant, quelques signes peuvent constituer des indicateurs d'un égo surdimensionné ou d'un manque de perspective et de recul :

  • Refus de reconnaître les erreurs ou les échecs
  • Croyance en soi exagérée qui dépasse les limites de la réalité
  • Avidité à la réussite et à la perfection
  • Arrogance et manque de compassion envers les autres
  • Prise de risques inutiles et imprudences

À noter que le syndrome d'hubris n'est pas reconnu comme une pathologie officielle, mais peut tout de même avoir des conséquences néfastes pour le souffrant et pour ceux qui l'entourent. 

Distinguer l’égo et l’estime de soi

Il n’est pas toujours facile de distinguer l’égo de l’estime de soi. Ces deux notions comportent pourtant des différences fondamentales dans la relation à soi en présentant des mécanismes différents. En effet, le syndrome de l’hubris décrit une personne avec un égo démesuré dont la perception de la réalité est altérée. Comme évoqué précédemment, il se manifeste généralement lorsque l’individu acquiert un certain pouvoir, reconnaissance sociale et professionnelle, qui va le conduire à déformer le regard qu’il peut porter sur lui-même mais également son rapport au monde et aux autres. Cette idée renvoie par conséquent à des comportements souvent individualistes, où le narcissisme et l’égocentrisme vont primer sur le collectif et conduire à un complexe de supériorité et à des relations de domination non maîtrisées. Semblable à une addiction, ce sentiment d’invincibilité peut s’avérer destructeur pour l’individu et son entourage et avoir des conséquences néfastes pour la personne concernée avec  des risques réels de rejet ou de marginalisation. Face à un tel phénomène, l’une des pistes possibles pour lutter efficacement contre ce type de comportement consiste à s’entourer d’un environnement critique et bienveillant qui permet de donner une part de rationalité dans ses choix et comportements

À l’inverse, l’estime de soi désigne le jugement ou l’évaluation qu’une personne a de sa propre valeur. Lorsqu’un individu accomplit un acte, qu’il pense valable, il ressent une valorisation quelle qu’en soit la portée et la nature des résultats car sa satisfaction première vient de l’intérieur. L’individu doté d’une forte estime de soi cherche avant tout à être en accord avec ce qu’il est et ce qu’il voit de lui. L’estime de soi est donc à distinguer de la confiance en soi qui, bien que liée, est en rapport avec des capacités plus qu’avec des valeurs. En effet, une forte estime de soi implique des caractéristiques distinctives qui ne relèvent pas simplement d’une logique de compétences ou d’aptitudes. Une personne à forte estime de soi aime le défi et souhaite continuer à apprendre, à s’améliorer. Il est sûr de ses valeurs, de ses forces mais il sait qu’il ne sait pas tout et qu’il a encore à apprendre. 

En bref

Une fois le diagnostic du syndrome d'hubris posé, se dessine peut-être pour vous un portrait familier ? Pensez-vous à quelqu'un en particulier ? Comment ne pas contracter cette étrange maladie ou ne pas la voir se développer ? Certainement en s’entourant de personnes qui auront pour mission de vous remettre les pieds sur terre, de voir ou d’entendre vos dérives et vos excès, qui sauront vous contredire. On se rappellera que les Rois français, avaient toujours auprès d’eux un “fou du roi”, une personne très éveillée qui savait contraindre le Roi à prendre de la distance avec son pouvoir. Fou du manager ? Une fonction à réhabiliter dans les entreprises ? 

Date

10 février 2023

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Enjeux RH

Rédigé par
Emilia Cassagne
Emilia Cassagne
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